Large Anthropological
Simulation Trial
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C’est ici.
C’est ici que tout commence.
Ça ne finit pas toujours ici.
C’est là que ça se passe.
C’est là que l’histoire prend forme.
C’est là que ça se corse.
C’est là qu’ils s’assoient.
C’est de là que les voix des personnages emmergent.
C’est là qu’ils ont leurs quartiers.
C’est la machine qui diffuse l’histoire.
C’est la machine qui enregistre le débat qui la suit.
C’est la machine qui, plus tard, le diffusera.
Ça permet d’avaler plus facilement.
Ça permet aux participants de prendre un temps de réflexion.
Ça permet à Adel Cersaque de garder ses invités un peu plus longtemps.
Voilà le cœur de tout ce vacarme.
Voilà de quoi perturber l’appréhension du citoyen.
Voilà du conflit, de la politique et des liaisons amoureuses.
Il est temps que l’histoire commence.
Il est temps de se glisser dans ses personnages.
C’est l’heure du thé Chai.
C’est fini ?
Sommes-nous encore dans la fiction ?
Au bout du compte, ça valait vraiment le coup ?
Le Large Anthropological Simulation Trial (L.A.S.T.) est une pièce constituée de cinq tables individuelles, reliées entre elles pour former un cercle. Chacune équipée d’une enceinte, elles diffusent ensemble le débat fictionnel de quatre scientifiques et d’un médiateur ; présents, donc, seulement par le timbre de leur voix.
Dans le monde dans lequel les personnages existent, une organisation scientifique connue sous le nom d’Université Communauté a mis en place une gigantesque expérience anthropologique qui entend évaluer et comparer les systèmes politiques passés, présents et futurs par des simulations. Les scientifiques se doivent donc de confronter leurs motifs organisationnels (Démocratie Directe, République présidentielle Fédérale, Anarcho-capitalisme et République médiacratique) respectifs aux autres, sur scène, à la table du dîner du 17e congrès annuel ; à la fin duquel l’un des quatre sera éliminé.
À chaque séance, quatre volontaires sont invités à s’asseoir à la table pour prendre part au Large Anthropological Simulation Trial. À chaque fois que le débat fictionnel est diffusé, les participants, maintenant convives, sont priés de perpétuer la discussion de leurs personnages.
Par chance, aidé par la chaleur du thé Chai et des bouchées sucrées, le débat pouvait éventuellement glisser du monde fictionnel à la réalité ; et les micros installés sur les tables pouvaient enregistrer leurs discussions.
En court-circuitant l’appréhension instinctive du citoyen — qui se sent illégitime quant à la formulation d’une pensée politique qui lui est personnelle — par la fiction (en lui offrant l’opportunité de se cacher derrière le masque du personnage qu’il est supposé incarner) L.A.S.T fut pensé comme un dispositif de collection de pensées et de désirs politiques.
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« Le collectif Adel Cersaque met en place un processus de débat en simulacre. Objectif : confronter vision politique et situations simulées, pour une meilleure prise de relais par les citoyens même. À la fois oeuvre pédagogique, manifeste des processus à l'oeuvre dans la décision politique, théâtralisation outrancière des rituelles du débat, cette pièce permet d'appréhender par le design et par l'expérimentation une forme d'expérience politique postmoderne, dans toutes ses complexités. Le citoyen se retrouve acteur malgré lui de la décision : l'impuissance des acteurs invités à participer renvoie paradoxalement à leur capacité à prendre en main le débat pour échapper à une situation déjà convenue d'avance. »
Texte d’introduction à L.A.S.T. par Olivier Peyricot.
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